Maladies chroniques, chaleurs extrêmes, pénuries… Dans son 8e rapport sur l'impact du changement climatique sur la santé, "The Lancet" pointe des records inquiétants

“Nous avons mis trop de temps à faire valoir le fait que le réchauffement climatique concerne aussi la santé”, reconnaît le médecin en chef de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Jeremy Farrar. “La crise climatique est une crise sanitaire. Ce sera le cas en 2050, ce sera le cas au tournant de ce siècle”, mais surtout, insiste-t-il, “c’est déjà le cas aujourd’hui.” En collaboration avec l’OMS, l’Organisation météorologique mondiale (OMM) et plus de 120 experts à travers le monde, la revue scientifique The Lancet révèle, mercredi 30 octobre, son 8e rapport consacré aux impacts du changement climatique sur la santé, le “Lancet Countdown” (“compte à rebours” en français).

Sur les 15 indicateurs de suivi des risques sanitaires liés au changement climatique, “dix ont atteint un nouveau record”, a alerté la directrice de ce projet lancé en 2016, Marina Romanello, en présentant à la presse ses nouvelles conclusions. “Les populations du monde entier sont confrontées à des menaces sans précédent pour leur bien-être, leur santé et leur survie en raison du changement climatique rapide”, a-t-elle exposé. 

La chaleur tue de plus en plus, mais pas seulement

En 2023, les décès liés à la chaleur chez les personnes de plus de 65 ans ont battu un nouveau record : +167% par rapport aux années 1990, selon The Lancet, alors qu’a température constante, la démographie aurait entraîné une hausse de 65%. “A mesure que nous vieillissons, il existe des interactions [entre le stress thermique] et différentes maladies chroniques“, explique Ollie Jay, directeur du laboratoire de recherche sur la chaleur et la santé à l’université de Sydney. Les maladies cardiaques (“le premier facteur de risque en cas de canicule”), les maladies rénales, le diabète, les problèmes de santé mentale… “Tous sont aggravés, tout comme les maladies respiratoires”, poursuit-il, rappelant que, si ce n’est pas la chaleur qui aggrave ces maladies, l’exposition aux températures élevées fait courir un risque bien plus grand aux personnes qui en souffrent. 

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Selon le “Lancet Countdown”, en 2023, une personne a été exposée, en moyenne, à 1 512 heures de “températures élevées représentant au moins un risque modéré de stress thermique lors d’une activité physique en extérieur, comme la marche ou le vélo”. Soit 328 heures de plus que la moyenne annuelle au cours de la période 1990-1999. Les pays les moins développés sont ceux où l’on court le plus de risques, ajoutent les experts. Cependant, l’Europe occidentale n’est pas à l’abri, notamment pendant les vagues de chaleur de l’été.  

Nous verrons une augmentation de ces phénomènes touchant les plus vulnérables dans toutes les régions du monde. S’en occuper, ce n’est pas de la charité. Très égoïstement, c’est dans l’intérêt de chaque pays.

Jeremy Farrar, médecin en chef de l’OMS