Reportage "C’est la première fois qu’on vit ça" : après le séisme du Nouvel An au Japon, des quartiers entiers ravagés pour des années

“À partir de là, la route est coupée. Il y a plein de maisons de travers, à moitié enfoncées, elles sont foutues…” Au volant de son taxi jaune, le septuagénaire Tanaka a déjà parcouru plusieurs fois la zone sinistrée de Nishiaraya, dans le département d’Ishikawa, au sud de la péninsule de Noto. Il sait se frayer un chemin sur une route éventrée ici, affaissée là, gondolée. “Dans un état pareil, il n’y a qu’à évacuer. Normalement, l’école sert de refuge, mais elle est dans un sale état”, déplore-t-il.  

“Liquéfaction du sol”

Le séisme de magnitude 7,5 qui a ravagé cette péninsule du centre ouest du Japon et le tsunami (en réalité plus destructeur qu’on ne l’imaginait) constituent la pire catastrophe sismique endurée par le Japon depuis celle de mars 2011 à l’origine de l’accident nucléaire de Fukushima. Le bilan s’élève à présent à 203 morts et 68 disparus. Dans les régions les plus au nord de la Péninsule,  de loin les plus touchées, des quartiers entiers restent coupés du monde, sans électricité ni eau. Des virus circulent aussi dans les centres d’évacuation où l’on déplore déjà huit morts.

A Nishiaraya, quartier de la ville d’Uchinada au sud de Noto, le sol s’est dérobé sous les bâtiments, et des routes se sont pliées, s’élevant par endroits de plusieurs mètres. Ici, pas de morts, mais de gros dégâts matériels : “S’il n’y avait eu que les effets des secousses, la situation ne serait pas aussi horrible, mais il y a eu une liquéfaction du sol. Seuls les quartiers de la ville où le sous-sol est plein d’eau ont subi des dommages”, explique un élu de l’assemblée municipale.

Pourtant, seulement 132 habitants ont accepté de rejoindre un refuge, alors que près d’un millier de maisons sont concernées, selon un fonctionnaire de la mairie. “Il y a des gens qui ne veulent pas aller dans les refuges, et qui restent chez eux”, dit-il.  

Malgré cela, le principal refuge est proche. Mais la promiscuité est tout de même là. On dort sur des couvertures étendues sol. Il y a seulement quelques lits en carton. S’y trouvent surtout des personnes âgées, qui tuent le temps en discutant, en somnolant, en regardant la télévision. “C’est la première fois qu’on vit ça“, explique l’une d’elles.

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Combien d’années va durer la vie d’évacués ? Que va leur proposer la municipalité ? Tout se résume à des points d’interrogation. Les habitants concernés, désormais sans logis, avouent prendre conscience de l’importance de la prévention et de leur manque de préparation. “Les exercices d’évacuation ne sont pas obligatoires. Peu de personnes y prennent part, et pas assez sérieusement“, regrette l’un d’eux dont la maison est devenue inhabitable. Les municipalités délivrent pourtant des cartes géographiques de risques. Mais tout le monde n’en tient pas compte. Qui plus est, cette fois, se sont aussi liquéfiés des sols qui étaient censés échapper à ce phénomène.

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